Définition de RAISONNEUR, EUSE

DÉFINITIONS - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : rè-zo-neur, neû-z'

DÉFINITIONS

1
Celui, celle qui raisonne, enchaîne les arguments.
Ils ont bien de l'esprit, mais ils ne raisonnent jamais ; les raisonneurs, qui sont gens durs, les appellent peuple, sans difficulté ; d'autre part, ces gens-ci s'en vengent en tournant les raisonneurs en ridicule
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Mondes, 6e soir.
Tant de raisonneurs ayant fait le roman de l'âme, un sage est venu qui en a fait modestement l'histoire
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Locke.
Si ces raisonneurs vulgaires confondent la licence avec la liberté, et l'enfant qu'on rend heureux avec l'enfant qu'on gâte
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. II
Les raisonneurs les plus pressants et les plus forts ne sont pas les plus sûrs de produire de grands effets
de Jean-François MARMONTEL dans Oeuv. t. IX, p. 512
Particulièrement et en mauvaise part, celui, celle qui importune par de longs, par de mauvais raisonnements.
Mêle-toi de donner à teter à ton enfant, sans tant faire la raisonneuse
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Méd. malgré lui, II, 2
Je n'aime pas qu'un sot fasse le raisonneur
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 3
Il y a bien de la différence entre un raisonneur et un homme raisonnable : l'homme raisonnable se tait souvent, le raisonneur ne déparle pas
de Denis DIDEROT dans Pensées sur la peinture, Oeuv. t. XV, p. 172, dans POUGENS.
Nature : Adj.
Je vous demandais quand vous reverriez la grande, vilaine, triste et gaie, riche et pauvre, raisonneuse et frivole ville de Paris
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Mme de Fontaine, 24 nov. 1757
Vainement sur votre menton La main de l'aimable jeunesse N'a mis encor que son coton ; Toute la raisonneuse espèce Croit voir en vous un vrai barbon
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ép. XLII (à Helvétius).
Quoiqu'il nous reste de vrais philosophes ardents à rappeler dans nos coeurs les lois de l'humanité et de la vertu, on est épouvanté de voir jusqu'à quel point notre siècle raisonneur a poussé dans ses maximes le mépris des devoirs de l'homme et du citoyen
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Théât. Préf.
Comme il me faisait quelquefois des arguments très subtils, je le prenais tout de bon pour raisonnable parce qu'il était raisonneur
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. VI
2
Celui, celle qui allègue beaucoup d'excuses pour se défendre, qui réplique incessamment.
Tu fais le raisonneur ! je te baillerai de ce raisonnement-ci [le menaçant d'un soufflet] par les oreilles
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Av. I, 3
Petite raisonneuse, Qui veut parler sur tout et ne dit jamais rien
de Philippe Néricault DESTOUCHES dans Glor. II, 13
Nature : Adj.
Oui, l'on doit être bien aise d'avoir un valet raisonnable, mais non pas un valet raisonneur
de BRUEYS dans Grondeur, I, 6
3
Sémantique : Terme de théâtre. Personnage grave de la comédie, dont le langage est celui du raisonnement, de la morale.
Vous qui jouez les raisonneurs, soyez raisonnable
de Louis-Benoît PICARD dans Coméd. ambul. II, 2

ÉTYMOLOGIE

1
Raisonner ; provenç. razonaire, razonador ; espagn. razonador ; ital. ragionatore.

Termes proches de RAISONNEUR, EUSE